samedi 1 décembre 2012

Découverte du Lac Titicaca et ses îles...



1er décembre :

Ce matin on se lève tôt. Un transport organisé vient nous chercher à l’hôtel pour nous amener jusqu’au port de Puno. Nous partons pour une mini-croisière sur le lac Titicaca afin d’y découvrir la beauté de ses îles. Nous y faisons la rencontre d’un couple de Québécois retraités. Le lac Titicaca se situe à 3808 mètres d’altitude. Il s’agit du plus haut lac navigable au monde et du plus grand lac de tout l’Amérique du sud. Il est immense… ses dimensions sont 170 km de longueur, 60 km de largeur et une profondeur maximale de 457 m ! Le lac Titicaca est le vestige d’une ancienne mer intérieure, le Lago Balliviàn, qui recouvrait une grande partie de l’Altiplano il y a de cela plusieurs milliers d’années. Le nom « Titicaca » provient de la langue aymara Titi Khar’ka qui signifie « rocher du puma » pour désigner l’Isla del sol se trouvant dans la partie bolivienne du lac.

D’abord, le bateau nous transporte vers la principale attraction touristique du lac : les Islas flotantes (Îles flottantes). Il s’agit de nombreuses petites îles construites à partir de roseaux nommé la tortora, qui pousse en abondance dans les eaux peu profondes du lac Titicaca. Elles sont composées de plusieurs couches de tortora superposées les unes sur les autres et ancrées dans le fond du lac à l’aide de troncs d’arbre d’eucalyptus. Les îles flottantes servent d’habitat au peuple des Uros et ce depuis plusieurs siècles. Initialement, ce mode de vie « flottant » leur permettait de se protéger des agressions des Incas et autres tribus avoisinantes. Aujourd’hui, plusieurs centaines de personnes vivent encore tant bien que mal sur ces petits îlots. Ils vivent principalement de la pêche et du tourisme. En plus d’être l’élément essentiel de fabrication des îles, la tortora sert également à bâtir leurs maisons, leurs bateau ainsi que des objets artisanaux qu’ils vendent aux touristes. Bref, ce roseau est indispensable à la vie du peuple Uros.


 
 

Notre bateau accoste sur le bord d’une île flottante et les habitants nous accueillent chaleureusement d’un mot de bienvenu en langue aymara. On nous enseigne comment leur répondre. Les femmes sont habillées avec des robes de couleurs éclatantes. Leur longue chevelure est tressée et au bout de chaque tresse est attaché un gros pompon de tissu. Lorsqu’on effectue nos premiers pas sur l’île, on se rend compte bien vite qu’on n’est pas sur la terre ferme… Le sol est souple, élastique et on peut même sentir un léger mouvement sous nos pieds. Bien qu’il renferme beaucoup d’humidité, le sol n’est pas mouillé puisqu’il y a plusieurs épaisseurs de tortora. Les habitants nous font visiter leur île ainsi que leurs maisons. Ils nous font même revêtir leurs habits traditionnels. Le président de l’île nous explique le processus de fabrication des islas flotantes et il nous fait une démonstration à l’aide d’une maquette, très intéressant !! Ensuite, on nous offre de faire un tour à bord d’un bateau de tortora pour visiter une autre île. Mon père se laisse tenter par l’aventure alors que moi je reste tranquillement sur l’île jusqu’au départ de notre bateau à moteur.

Maintenant, le bateau met le cap en direction de l’île d’Amantani. On navigue pendant environ 2 ou 3 heures.  À notre arrivée sur l’île, nous sommes accueillis par quelques habitants. C’est à ce moment qu’on nous présente notre famille d’accueil pour la durée de notre séjour sur l’île. Mon père, Dennis et moi faisons la rencontre de Blanca, notre « mère adoptive ». Cette dernière nous montre le chemin jusqu’à sa maison. Le terrain monte sur une colline. Mon père a de la difficulté à retrouver son souffle, surtout que l’altitude est assez élevée. Blanca est plutôt réservée et parle peu durant le trajet. On n’en finit plus de monter, c’est à croire que la maison est la plus éloignée de tout le village ! Après une vingtaine de minutes de marche, on arrive enfin à la maison. Nous y faisons la rencontre de Natalio, le mari de Blanca, tout souriant, qui est en train de cuisiner ! Notre mère nous fait visiter leur humble demeure et elle nous montre nos chambres. On s’installe tranquillement. Quelques minutes plus tard on nous invite à venir manger le repas du dîner. Une bonne soupe de quinoa en entrée, suivi d’un plat de riz, pommes de terre et carottes… pas de viande.

Ruines de Pacha Tata


Un peu plus tard, les touristes, répartis dans les différentes familles, sont invités à se regrouper sur le terrain de basketball de l’île avant d’entamer une petite randonnée jusqu’au sommet d’une colline nommée « Pacha Tata » qui signifie Terre Père. Mon père et Dennis décident de se reposer au lieu de participer à cette activité. Je me rends donc toute seule au point de rencontre. Je fais alors la connaissance de Johanie, une Québécoise qui demeure dans la ville de Québec. La randonnée guidée débute et on effectue le trajet ensemble. On échange sur nos voyages respectifs. Elle me raconte qu’elle a fait l’Inca Trail il y a quelques jours et qu’elle a bien aimé. Elle est pharmacienne. Elle effectue un premier voyage en solo au Pérou pendant quelques semaines. Arrivées au sommet de la colline on découvre les ruines d’une ancienne culture pré-incas nommée Tiwanaku. Le soleil descend tranquillement et on admire les paysages du lac, surtout les magnifiques sommets enneigés de la
Vue sur la Cordillère Royale (Bolivie)
Cordillera Real bolivienne sur la rive opposée, ainsi que l’impressionnant coucher du soleil. Un groupe de jeunes étudiantes péruviennes font également partis du groupe. Ce qui est très drôle, c’est que nous nous faisons demander à plusieurs reprises de se faire prendre en photo avec elles, chacune voulant avoir sa propre photo avec nous. C’est fou… nous avions l’impression d’être la principale attraction ! Elles étaient pratiquement plus intéressées par nous que par le paysage aux alentours ! Après le coucher du soleil, on redescend la colline pour rejoindre respectivement nos familles d’accueil.

Blanca en train de cuisiner
À mon retour, mon père est toujours endormi… et Dennis est également dans sa chambre. Je décide donc de rejoindre Blanca dans la cuisine pour l’aider à préparer le souper tout en discutant avec elle. Je m’assoie sur un petit banc près du sol et je me mets à la tâche d’éplucher des patates ! Disons que je ne suis pas très habile avec le gros couteau que Blanca me fournit, mais j’essaie de faire de mon mieux ! En discutant avec ma mère adoptive, j’apprends qu’elle a subi une double fracture de l’avant-bras il y a quelques mois alors qu’elle essayait de maîtriser un âne. Elle a toujours des douleurs associées et cela perturbe certaines de ses activités quotidiennes telles que d’effectuer la cuisine (transporter des marmites pesantes). Je lui donne quelques conseils pour l’aider. Après avoir participé à la préparation du souper je vais jaser un peu avec mon père adoptif, Natalio, qui se trouve dans le petit dépanneur (entreprise familiale). Peu de temps après, mon père se lève et on ne tarde pas à nous servir le souper qui ressemble énormément au dîner… une soupe, suivi du riz et pommes de terre en grande quantité… toujours pas de viande.


Après le souper, on se prépare pour une soirée dansante organisée dans le village. On nous prête des habits traditionnels insulaires. Ainsi, Blanca me fournit une jupe, une blouse, une ceinture brodée et un châle. Elle m’aide à enfiler et à ajuster le tout par-dessus mes propres vêtements. C’est très comique de voir dépasser mes pantalons et mes espadrilles en-dessous de ma jupe !! Ça fait un drôle de costume ! Mon père et Dennis se retrouvent chacun avec un poncho et une tuque. On prend quelques photos avec nos nouveaux habits. Natalio nous conduit jusqu’au lieu de la Fête où nous retrouvons les autres touristes et amis québécois vêtus de la même façon que nous. Il y a un groupe de musiciens qui jouent de la musique folklorique avec flûtes de pan et petites guitares. Les paysans nous démontrent les danses. Mon père adoptif me fait danser un peu, puis à mon tour je fais danser mon père André ainsi que mon ami Dennis. On s’amuse bien ! On fait la ronde avec les autres touristes. 


Dennis et Moi
André s'improvise musicien !


Johanie, mon amie québécoise, et moi en habits traditionnels !

On se laisse aller sur le rythme de la musique des Andes !
Après 1hr30, la fête tire déjà à sa fin… Nous sommes bien fatigués de notre journée ainsi que de l’altitude… Nous retournons vers la maison, sous le clair de lune de cette nuit fraîche ! Je n’ai pas de misère à m’endormir… bien emmitouflée sous quelques piles d’épaisses couvertures en laine. 




2 décembre :

Ce matin, on nous sert de bonnes crêpes… petit déjeuner adapté au goût du « touriste » bien entendu ! N’allez pas croire que les habitants du Lac Titicaca mangent des crêpes pour déjeuner. C’est un peu dommage qu’ils aient modifié leur menu pour nous les « Gringos »… Pour ma part, je préfère lorsque je peux vivre entièrement l’expérience culturelle SANS modification pour « faire plaisir » aux touristes. C’est à nous de s’ajuster lorsqu’on voyage dans un autre pays, même si parfois nos habitudes alimentaires nous manquent un peu !





Après déjeuner, on fait nos adieux à Natalio et Blanca… C’est le temps de repartir en bateau pour aller visiter Taquile une autre île du Lac Titicaca. Une fois le bateau accosté, on effectue la remontée essoufflante jusqu’au sommet de la colline (altitude : 3800 mètres) en empruntant un sentier. On profite encore du beau panorama insulaire avec vue sur le lac. On visite un peu la Plaza de armas et ses boutiques d’artisanat l’entourant. Ensuite, on nous amène dans un restaurant où l’on déguste une délicieuse truite pêchée à même le lac Titicaca ! On rencontre le « Presidente » de l’île vêtu comme il se doit. Notre guide nous raconte les mœurs et les coutumes des habitants qui demeurent toujours très présentes sur l’île. Il nous explique les particularités de leurs tenues vestimentaires. Les hommes portent quoti-diennement un chullo, une tuque tissée en laine d’alpaca, qui se termine par un gros pompon. La couleur du chullo et la manière dont ils le disposent sur leur tête indique leur statut social. L’homme célibataire porte un chullo rouge avec extrémité blanche qu’il laissera tomber sur le côté lorsqu’il vit toujours chez ses parents ou vers l’arrière lorsqu’il mène une vie autonome et indépendante. L’homme marié possède un chullo complètement rouge qu’il inclinera sur le coté de la tête. Il existe également un chullo multicolore avec des petits dessins qui signifie que l’homme occupe un statut social important au sein de la communauté (Ex : conseiller municipal, maire, etc.) Les hommes tricotent eux-mêmes leur propre chullo. Pour les femmes, la distinction se fera au moyen de la jupe : noire pour les mariées, couleur vive pour les célibataires. Elles portent également plusieurs jupons ainsi qu’un long châle noir décoré de gros pompons recouvrant leurs épaules. En préparation au mariage, la femme tisse une ceinture qu’elle offrira à son futur époux en y ajoutant des mèches de sa propre chevelure à travers le tissage en gage de promesse et fidélité. C’est assez particulier comme tradition !




Après dîner on redescend de l’autre côté de la colline où nous attend notre bateau. On effectue une petite sieste pendant les quelques heures de navigation nous ramenant vers la ville de Puno.

Nous avons grandement apprécié ce « bain de culture » au cours de ces 2 journées à côtoyer les habitants des îles du lac Titicaca. C’est impressionnant de voir à quel point ils sont soucieux de préserver leurs traditions et culture. Je leur souhaite que cela se poursuive encore longtemps.

Je me rends compte à quel point c’est important de préserver nos propres racines. C’est l’essence même de nos valeurs qui donnent un sens à notre vie !



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