1er
décembre :
Ce
matin on se lève tôt. Un transport organisé vient nous chercher à l’hôtel pour
nous amener jusqu’au port de Puno. Nous partons pour une mini-croisière sur le
lac Titicaca afin d’y découvrir la beauté de ses îles. Nous y faisons la
rencontre d’un couple de Québécois retraités. Le lac Titicaca se situe à 3808
mètres d’altitude. Il s’agit du plus haut lac navigable au monde et du plus
grand lac de tout l’Amérique du sud. Il est immense… ses dimensions sont 170 km
de longueur, 60 km de largeur et une profondeur maximale de 457 m ! Le lac
Titicaca est le vestige d’une ancienne mer intérieure, le Lago Balliviàn, qui
recouvrait une grande partie de l’Altiplano il y a de cela plusieurs milliers
d’années. Le nom « Titicaca » provient de la langue aymara Titi Khar’ka qui signifie « rocher du
puma » pour désigner l’Isla del sol se trouvant dans la partie bolivienne
du lac.
D’abord,
le bateau nous transporte vers la principale attraction touristique du
lac : les Islas flotantes (Îles
flottantes). Il s’agit de nombreuses petites îles construites à partir de
roseaux nommé la tortora, qui pousse
en abondance dans les eaux peu profondes du lac Titicaca. Elles sont composées de
plusieurs couches de tortora superposées les unes sur les autres et ancrées
dans le fond du lac à l’aide de troncs d’arbre d’eucalyptus. Les îles
flottantes servent d’habitat au peuple des
Uros et ce depuis plusieurs siècles. Initialement, ce mode de vie « flottant »
leur permettait de se protéger des agressions des Incas et autres tribus
avoisinantes. Aujourd’hui, plusieurs centaines de personnes vivent encore tant
bien que mal sur ces petits îlots. Ils vivent principalement de la pêche et du
tourisme. En plus d’être l’élément essentiel de fabrication des îles, la tortora sert également à bâtir leurs
maisons, leurs bateau ainsi que des objets artisanaux qu’ils vendent aux
touristes. Bref, ce roseau est indispensable à la vie du peuple Uros.

Notre
bateau accoste sur le bord d’une île flottante et les habitants nous accueillent
chaleureusement d’un mot de bienvenu en langue aymara. On nous enseigne comment leur répondre. Les femmes sont
habillées avec des robes de couleurs éclatantes. Leur longue chevelure est
tressée et au bout de chaque tresse est attaché un gros pompon de tissu.
Lorsqu’on effectue nos premiers pas sur l’île, on se rend compte bien vite
qu’on n’est pas sur la terre ferme… Le sol est souple, élastique et on peut
même sentir un léger mouvement sous nos pieds. Bien qu’il renferme beaucoup
d’humidité, le sol n’est pas mouillé puisqu’il y a plusieurs épaisseurs de
tortora. Les habitants nous font visiter leur île ainsi que leurs maisons. Ils
nous font même revêtir leurs habits traditionnels. Le président de l’île nous
explique le processus de fabrication des islas
flotantes et il nous fait une démonstration à l’aide d’une maquette, très
intéressant !! Ensuite, on nous offre de faire un tour à bord d’un bateau de
tortora pour visiter une autre île. Mon père se laisse tenter par l’aventure
alors que moi je reste tranquillement sur l’île jusqu’au départ de notre bateau
à moteur.
Maintenant,
le bateau met le cap en direction de l’île d’Amantani. On navigue pendant
environ 2 ou 3 heures. À notre arrivée
sur l’île, nous sommes accueillis par quelques habitants. C’est à ce moment
qu’on nous présente notre famille d’accueil pour la durée de notre séjour sur
l’île. Mon père, Dennis et moi faisons la rencontre de Blanca, notre
« mère adoptive ». Cette dernière nous montre le chemin jusqu’à sa
maison. Le terrain monte sur une colline. Mon père a de la difficulté à
retrouver son souffle, surtout que l’altitude est assez élevée. Blanca est
plutôt réservée et parle peu durant le trajet. On n’en finit plus de monter,
c’est à croire que la maison est la plus éloignée de tout le village ! Après
une vingtaine de minutes de marche, on arrive enfin à la maison. Nous y faisons
la rencontre de Natalio, le mari de Blanca, tout souriant, qui est en train de
cuisiner ! Notre mère nous fait visiter leur humble demeure et elle nous montre
nos chambres. On s’installe tranquillement. Quelques minutes plus tard on nous invite
à venir manger le repas du dîner. Une bonne soupe de quinoa en entrée, suivi
d’un plat de riz, pommes de terre et carottes… pas de viande.
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Ruines de Pacha Tata |
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Un
peu plus tard, les touristes, répartis dans les différentes familles, sont
invités à se regrouper sur le terrain de basketball de l’île avant d’entamer
une petite randonnée jusqu’au sommet d’une colline nommée « Pacha
Tata » qui signifie Terre Père.
Mon père et Dennis décident de se reposer au lieu de participer à cette
activité. Je me rends donc toute seule au point de rencontre. Je fais alors la
connaissance de Johanie, une Québécoise qui demeure dans la ville de Québec. La
randonnée guidée débute et on effectue le trajet ensemble. On échange sur nos
voyages respectifs. Elle me raconte qu’elle a fait l’Inca Trail il y a quelques jours et qu’elle a bien aimé. Elle est
pharmacienne. Elle effectue un premier voyage en solo au Pérou pendant quelques
semaines. Arrivées au sommet de la colline on découvre les ruines d’une
ancienne culture pré-incas nommée Tiwanaku.
Le soleil descend tranquillement et on admire les paysages du lac, surtout les
magnifiques sommets enneigés de la
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Vue sur la Cordillère Royale (Bolivie) |
Cordillera Real bolivienne sur la rive
opposée, ainsi que l’impressionnant coucher du soleil. Un groupe de jeunes
étudiantes péruviennes font également partis du groupe. Ce qui est très drôle,
c’est que nous nous faisons demander à plusieurs reprises de se faire prendre
en photo avec elles, chacune voulant avoir sa propre photo avec nous. C’est
fou… nous avions l’impression d’être la principale attraction ! Elles étaient
pratiquement plus intéressées par nous que par le paysage aux alentours ! Après
le coucher du soleil, on redescend la colline pour rejoindre respectivement nos
familles d’accueil.
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Blanca en train de cuisiner |
À
mon retour, mon père est toujours endormi… et Dennis est également dans sa
chambre. Je décide donc de rejoindre Blanca dans la cuisine pour l’aider à
préparer le souper tout en discutant avec elle. Je m’assoie sur un petit banc
près du sol et je me mets à la tâche d’éplucher des patates ! Disons que je ne
suis pas très habile avec le gros couteau que Blanca me fournit, mais j’essaie
de faire de mon mieux ! En discutant avec ma mère adoptive, j’apprends qu’elle
a subi une double fracture de l’avant-bras il y a quelques mois alors qu’elle
essayait de maîtriser un âne. Elle a toujours des douleurs associées et cela
perturbe certaines de ses activités quotidiennes telles que d’effectuer la
cuisine (transporter des marmites pesantes). Je lui donne quelques conseils
pour l’aider. Après avoir participé à la préparation du souper je vais jaser un
peu avec mon père adoptif, Natalio, qui se trouve dans le petit dépanneur
(entreprise familiale). Peu de temps après, mon père se lève et on ne tarde pas
à nous servir le souper qui ressemble énormément au dîner… une soupe, suivi du
riz et pommes de terre en grande quantité… toujours pas de viande.
2
décembre :
Ce
matin, on nous sert de bonnes crêpes… petit déjeuner adapté au goût du
« touriste » bien entendu ! N’allez pas croire que les habitants du
Lac Titicaca mangent des crêpes pour déjeuner. C’est un peu dommage qu’ils
aient modifié leur menu pour nous les « Gringos »… Pour ma part, je
préfère lorsque je peux vivre entièrement l’expérience culturelle SANS
modification pour « faire plaisir » aux touristes. C’est à nous de
s’ajuster lorsqu’on voyage dans un autre pays, même si parfois nos habitudes
alimentaires nous manquent un peu !


Après
déjeuner, on fait nos adieux à Natalio et Blanca… C’est le temps de repartir en
bateau pour aller visiter Taquile une autre île du Lac Titicaca. Une fois le
bateau accosté, on effectue la remontée essoufflante jusqu’au sommet de la
colline (altitude : 3800 mètres) en empruntant un sentier. On profite
encore du beau panorama insulaire avec vue sur le lac. On visite un peu la
Plaza de armas et ses boutiques d’artisanat l’entourant. Ensuite, on nous amène
dans un restaurant où l’on déguste une délicieuse truite pêchée à même le lac
Titicaca !
On rencontre le « Presidente » de l’île vêtu comme il se
doit. Notre guide nous raconte les mœurs et les coutumes des habitants qui
demeurent toujours très présentes sur l’île. Il nous explique les
particularités de leurs tenues vestimentaires. Les hommes portent
quoti-diennement un chullo, une tuque tissée
en laine d’alpaca, qui se termine par un gros pompon. La couleur du chullo et la manière dont ils le disposent
sur leur tête indique leur statut social. L’homme célibataire porte un chullo rouge
avec extrémité blanche qu’il laissera tomber sur le côté lorsqu’il vit toujours
chez ses parents ou vers l’arrière lorsqu’il mène une vie autonome et
indépendante.
L’homme marié possède un chullo
complètement rouge qu’il inclinera sur le coté de la tête. Il existe
également un chullo multicolore avec
des petits dessins qui signifie que l’homme occupe un statut social important
au sein de la communauté (Ex : conseiller municipal, maire, etc.) Les
hommes tricotent eux-mêmes leur propre chullo.
Pour les femmes, la distinction se fera au moyen de la jupe : noire pour
les mariées, couleur vive pour les célibataires. Elles portent également
plusieurs jupons ainsi qu’un long châle noir décoré de gros pompons recouvrant
leurs épaules. En préparation au mariage, la femme tisse une ceinture qu’elle
offrira à son futur époux en y ajoutant des mèches de sa propre chevelure à
travers le tissage en gage de promesse et fidélité. C’est assez particulier
comme tradition !
Après
dîner on redescend de l’autre côté de la colline où nous attend notre bateau.
On effectue une petite sieste pendant les quelques heures de navigation nous
ramenant vers la ville de Puno.
Nous
avons grandement apprécié ce « bain de culture » au cours de ces 2
journées à côtoyer les habitants des îles du lac Titicaca. C’est impressionnant
de voir à quel point ils sont soucieux de préserver leurs traditions et
culture. Je leur souhaite que cela se poursuive encore longtemps.
Je
me rends compte à quel point c’est important de préserver nos propres racines.
C’est l’essence même de nos valeurs qui donnent un sens à notre vie !
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